Portrait de Georges Bizet par Félix-Henri Giacomotti (1865). Musée Carnavalet
Georges Bizet, né en 1838 à Paris et mort à Bougival en 1875, est un de nos plus célèbres Vésigondins. Il vint passer tous ses étés de 1864 à 1871, dans une petite « chartreuse » que son père avait fait construire.
Maison de Adolphe Bizet au Vésinet
En 1863, son père Adolphe Bizet achète une propriété route n° 1, renommée ensuite route des Cultures
Maison de Adolphe Bizet au Vésinet
Sur le terrain d'un demi-hectare, payé 3.800 frs (0,75 frs le m²), le père du compositeur entreprit la construction de deux petites maisons très modestes, dont l'une, réservée à Georges, composée d'un salon tout juste assez grand pour contenir un piano, d'une chambre et d'un cabinet de toilette.
Bizet à Edmond Galabert
A son cher ami Edmond Galabert, il écrit : « Je ne vais plus qu’une fois par semaine à Paris, j’y fais mes affaires et je reviens au galop… Je suis si bien chez moi, à l’abri des raseurs, des flâneurs, des diseurs de rien, du monde enfin… »
Partition de « La Jolie Fille de Perth »
Il travaille sur son deuxième opéra : « La jolie fille de Perth », qui sera intégralement composé au Vésinet
Edmond Galabert, ami très proche de Bizet
Edmond Galabert raconte : « Les Bizet y étaient installés dès le mois de mai… c’était un grand jardin clos… Après le travail, nous cueillions des fraises pour le dîner, et ce repas, souvent, était pris en plein air… Ensuite, au crépuscule, avant de nous remettre à la musique, nous nous promenions en causant de notre art et en nous confiant mutuellement nos projets et nos rêves… »
Georges Bizet et Camille Saint-Saëns
« Bizet, un soir d'été, travaillait au Vésinet dans son cabinet lorsqu'il entendit une voix de ténor qui chantait la romance des Pêcheurs de Perles. Il sortit dans le jardin et aperçut quelqu'un sur la route. C'était M. Saint-Saëns qui, ne sachant pas reconnaître la maison, avait pensé à ce moyen pour éveiller l'attention de son ami. Il est inutile d'ajouter que le temps se passa à faire de la musique jusqu'à l'heure du départ »
Temple Protestant du Vésinet
Camille Saint-Saëns, familier du Vésinet, participa au financement de la construction du Temple en 1880 en offrant la recette d’un concert donné à Paris
Portrait de Céleste Mogador par Félix Henri Giacomotti (1867)
Au Vésinet, Bizet fait la connaissance de Céleste Vénard, comtesse de Chabrillan plus connue sous le nom de Céleste Mogador. Elle habite à deux pas de chez lui, avenue de Lorraine (actuellement Maison Saint-Charles)
Le « Chalet Lionel », maison de la comtesse de Chabrillan au Vésinet
Céleste donne la clé de sa maison à Bizet, : « Au moins, chez vous, c'est agréable, je m'entends travailler, le son porte mieux que chez moi où il est étouffé par le plafond trop bas et les murs trop étroits. »
L'église Sainte-Marguerite du Vésinet
A l’occasion, Georges Bizet tient l’orgue de l’Eglise Sainte Marguerite nouvellement consacrée (1865)
Intérieur de l'église Sainte-Marguerite
« Tout à coup des accents mélodieux s'élèvent jusqu'au plafond de l'église. C'est un de mes amis qui chante. Je tiens l'orgue. »
Cécile Chaminade enfant
A la même période, il découvre les dons de la petite Cécile Chaminade, qui habite boulevard du Midi (Roosevelt) elle a 9 ans, il propose de l’inscrire au Conservatoire. Devant le refus du père, Bizet qui la surnomme « mon petit Mozart » réussit à convaincre M. Chaminade de l’inscrire en cours privé
Geneviève Halévy
En 1869, il épouse Geneviève Halévy, la fille de son professeur de composition, Fromental Halévy
Patrouille Prussienne entre Chatou et le Vésinet
La guerre de 1870 voit un grand nombre de parisiens se réfugier au Vésinet. Bizet s’y installera avec son épouse début 1871, évitant ainsi les privations des parisiens assiégés.
« ...Nous sommes ici tout à fait en sûreté, hélas ! ... Au Vésinet, les Prussiens sont chez eux, leurs patrouilles se multiplient, mais nous n'en sommes pas incommodés. »
Un gentilhomme campagnard
Bizet, disait son ami Gallet en l’évoquant au Vésinet, s’y promenait avec l’aisance heureuse d’un gentilhomme campagnard, fumant sa pipe, devisant gaiement avec ses amis, le recevant à sa table avec sa bonhomie toujours un peu narquoise
Le parc de la Villa Chaminade
Au Vésinet épargné par la guerre, on se réunit et on fait de la musique. Chez les Chaminade par exemple, » un des salons les plus distingués ». En septembre 1871, Georges est encore au Vésinet, et travaille sur l’Arlésienne. Ce sera son dernier été au Vésinet.
Maison de Bizet à Bougival
En 1875, il louera une maison à Bougival pour y terminer l'orchestration de Carmen.
Épuisé par le surmenage des derniers mois, par l’usure des années de labeur et par sa grande précarité financière, il contracte selon ses mots une »angine colossale ». Il meurt à 36 ans, le 3 juin 1875, des suites d’ une crise de rhumatisme aiguë provoquée par un bain dans l’eau glacée de la Seine.
La première de Carmen au Théâtre National de l’Opéra-Comique
Sans doute, Carmen est l’opéra le plus populaire au monde, mais son auteur est demeuré longtemps méconnu. Il disparait sans avoir connu le parfum du triomphe…